Revitalisation de la langue wendat

Revitalisation de
la langue wendat

À Lorette, Québec, l’usage de la langue wendat – une langue de la famille iroquoïenne qui est aussi appelée le huron ou le huron-wendat − tombe en désuétude au cours du XIXe siècle en raison de différents facteurs d’ordres démographique, économique et social. Bien qu’il soit difficile de déterminer le moment précis où la langue entre en état de dormance, les derniers locuteurs se sont probablement éteints pendant la deuxième moitié du XIXe siècle.

Ce n’est que plusieurs décennies plus tard que des membres de la Nation, réalisant l’importance de leur langue ancestrale, tenteront de l’éveiller à nouveau. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, différentes initiatives personnelles stimulent un mouvement pour le retour de la langue wendat. D’ailleurs, dès le début des années 1980, le comité de parents de l’école primaire demande que des efforts soient déployés pour l’intégrer au programme scolaire. La revitalisation des pratiques rituelles traditionnelles au début des années 1990 insuffle davantage de force au mouvement, comme la foi traditionnelle dicte que les cérémonies doivent se faire en langue originelle.

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Au début des années 1990, le Conseil de la Nation huronne-wendat (CNHW) déploie quelques initiatives − emploi de linguistes, recherches, comité populaire, cours d’initiation − pour stimuler la réappropriation de la langue, mais malheureusement, celles-ci ne durent pas. En parallèle, certains membres de la Nation fondent une organisation à but non lucratif, la Société Agondachia, qui offre aussi des cours d’initiation. Là encore, c’est de courte durée. Il faut dire que les défis sont grands et qu’une telle entreprise nécessite des ressources importantes.

C’est au début des années 2000 que la direction de l’école primaire obtient le mandat de la langue de la part du CNHW. Afin de redémarrer le projet de revitalisation, elle fait appel à des ressources spécialisées de la communauté, dont un linguiste wendat qui travaillera sur une ébauche de standardisation de l’écriture. En parallèle, l’école interpelle les membres de la communauté pour former un comité linguistique. Le comité a le mandat de travailler avec le linguiste pour faire des recommandations et pour trancher différentes questions liées à la langue. La première question traitée par le comité est celle de la standardisation de l’écriture. Après de nombreuses discussions, le comité recommande une première graphie standardisée au CNHW, qui l’entérine. Étant donné la multitude de graphies utilisées historiquement, une telle uniformisation de l’écriture et de la phonétique était un passage obligé afin de parler un même langage.

Parallèlement aux mandats accordés au linguiste et au comité, la direction de l’école engage aussi une ressource pour rechercher du financement qui permettra au projet de langue de prendre son essor. Une solution élégante est trouvée : une alliance de recherche université-communauté (ARUC) avec l’Université Laval. Un montant de près d’un million de dollars, réparti sur cinq ans, sera accordé par le Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) au projet de revitalisation Yawenda élaboré par l’ARUC CNHW-Université Laval.

Le projet Yawenda effectue ses travaux de juillet 2007 à juillet 2012. Il implique non seulement les meilleurs iroquoïanistes de l’Amérique du Nord, mais également de nombreux intervenants wendat à différents postes de recherche. En cinq ans, la somme de travail effectuée est colossale.

Notons les réalisations suivantes :

  • Formation et implication de nos propres linguistes wendat;
  • Standardisation de l’écriture de la langue wendat;
  • Standardisation de la phonétique de la langue wendat;
  • Engagement et formation de futurs enseignants wendat;
  • Préparation de matériel didactique pour l’enseignement à l’école Ts8taie (primaire);
  • Préparation de matériel didactique pour des cours populaires pour adultes;
  • Enseignement de la langue wendat au primaire;
  • Enseignement de la langue wendat aux adultes;
  • Réalisation de plusieurs lexiques imagés avec support audio;
  • Recherche sur la grammaire de la langue wendat;
  • Développement de l’expertise sur la langue;
  • Création de bases de données linguistiques;
  • Recherche et rapatriement de tous les manuscrits et documents pertinents reliés à la langue wendat;
  • Début de la reconstruction et de la validation linguistiques des données en wendat;
  • Mise sur pied du processus de reconstruction linguistique;
  • Publication de documents et ouvrages portant sur le processus de revitalisation linguistique ou sur la langue wendat.

Le travail colossal réalisé par le projet Yawenda au cours de ses cinq années d’existence permet la réintroduction progressive de la langue wendat au sein de la Nation. Au terme de cette association constructive entre l’Université Laval et la communauté, dès 2012, le CNHW mandate la direction du CDFM à la poursuite de la revitalisation. Le dossier de la langue wendat se greffera donc au secteur Culture et Patrimoine du CDFM, qui en assure désormais le leadership.

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En plus de poursuivre les différents axes de développement amorcés par le projet Yawenda, l’équipe du secteur Culture et Patrimoine accumule de nombreuses réalisations :

  • Enseignement de la langue wendat aux intervenants de l’industrie touristique de Wendake;
  • Enseignement de la langue wendat aux employés du CNHW;
  • Introduction de la langue au Centre de la petite enfance Orak, en collaboration avec les services de la Santé et Services sociaux de Wendake et le CPE Orak;
  • Élaboration d’un curriculum et enseignement de langue wendat à l’école primaire Wahta’, avec notation au bulletin pour les élèves de la maternelle 5 ans à la 6e année;
  • Élaboration des grandes lignes du programme  « Wendat, langue patrimoniale », incluant 5 cours de 4e et 5e secondaire crédités par le ministère de l’Éducation du Québec;
  • Développement de matériel didactique et enseignement du cours de 4e secondaire Wendat yatatiatha' I (WEN-4001-1) aux élèves du CDFM;
  • Réponse à des demandes de traduction provenant d'organisations communautaires et des membres de la communauté;
  • Mise en fonction d’un nouveau comité de langue avec mandat élargi incluant l’innovation lexicale;
  • Développement du présent site web.

La revitalisation de la langue wendat est loin d’être terminée. Il reste beaucoup de défis à relever et de travail à accomplir. Le CDFM poursuit son œuvre de développement, de préparation de matériel didactique, de diffusion et d’enseignement de la langue wendat. C’est aux membres de la Nation de s’approprier cette richesse culturelle et de participer à la pleine revitalisation de leur langue ancestrale.

Wendat kwatatiahtah ! « Parlons wendat ! »